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Une série tournée avec des retraités

 

Les deux premiers épisodes sont déjà disponibles sur le site Internet YouTube. La série « la Salle d’attente » ne devrait pas passer inaperçue sur la toile. A l’origine du projet, il y a Jacques Leforestier, animateur de l’atelier théâtre du centre communal d’action social de Gentilly. Samedi dernier, le 3 e et dernier épisode de la série était en cours de tournage à la maison de retraite Gentilléenne le Sacré-Coeur, partenaire du projet.


Dans une des salles de l’établissement de gérontologie, les acteurs se mettent en place. « Tout le monde est prêt pour la scène ! » lance Jacques à l’assistance. Face à lui, une petite dizaine de femmes âgées de 60 ans à 82 ans. Ce sont elles les comédiennes de cette série de sketchs. Un peu à la façon du huis clos de « Caméra café », ici, tout se passe dans une salle d’attente, comme l’indique le nom de la série. Humour cynique, ton décalé et irrévérencieux : la série dévergonde les retraités.
« Ce qui est drôle, c’est de mettre des répliques utilisées par des jeunes dans la bouche de personnes âgées », remarque Jacques. Paulette, 79 ans, ne se reconnaît pas lorsqu’elle visionne les épisodes. « Je joue le rôle d’une dame un peu grossière, alors que dans la réalité, je suis plutôt une grand-mère guindée. Mes petites filles ont bien ri quand elles ont vu le sketch », raconte cette habitante de Villejuif. Dans les épisodes, tout les thèmes sont abordés. « Il n’y a pas de sujets tabous, on parle de la sexualité des personnes du troisième âge ou encore de la mort, explique l’animateur. L’objectif est de faire sortir les retraités de chez eux et de recréer du lien entre les différentes générations. »
D’ailleurs, depuis que la série est diffusée sur le Web, des comédiens professionnels ont rejoint les retraités. Delphine Brosset, aperçue sur les planches parisiennes dans la pièce « Love in the City », se régale. « Ces sketchs montrent les gens tels qu’ils sont, c’est brut de décoffrage. Et cela permet de tordre le cou aux clichés comme cette scène où deux ados critiquent le fait qu’il n’y ait que des « vieilles » autour d’elle, ce à quoi les retraités rétorquent :« On est peut-être vieilles, mais on n’est pas sourdes ! » Ces épisodes, d’une dizaine de minutes chacun, seront diffusés en septembre devant les habitants.
Les deux premiers épisode s sont visibles sur le site YouTube en tapant les mots clés retraités et Gentilly .

 

 Samantha Gaudfrin

 Le Parisien le 20 mai 2009

 

 

Article concernant le spectacle "L'atelier"

 

Gentilly Les retraités ont décidé de brûler les planches



MÊMES angoisses avant d'entrer sur scène, mêmes petites chamailleries entre comédiens, mêmes trous de mémoire pendant les répétitions, bref la troupe de théâtre menée par Jacques Leforestier ne semble pas très originale... à un détail près. Les artistes qui monteront cet après-midi sur la scène du Plateau 31, à Gentilly, et qui interpréteront la pièce « l'Atelier » ont entre 60 et 82 ans.

Avant d'endosser le costume d'auteur et de metteur en scène, Jacques Leforestier exerçait (et exerce toujours) la profession d'animateur au centre communal d'action sociale de Gentilly au service retraités. C'est lui qui, il y a dix ans, a eu l'idée de créer un atelier théâtre au service des seniors. Depuis, six spectacles ont été montés et présentés au public. Parmi les oeuvres conçues par ses soins : « Et les vieux alors » qui traite des problèmes des retraités, ainsi qu'« Au secours, c'est ici », un « vaudeville gérontologique », selon l'expression même de Jacques Leforestier.

« Créer du lien, lutter contre la solitude »

« L'objectif principal est de recréer du lien, faire sortir les retraités de chez eux, lutter contre la solitude qui peut s'installer. Libérer la parole aussi, et puis le théâtre fait travailler la mémoire, ce qui n'est pas négligeable. Toutefois, c'est surtout une aventure humaine très forte. La pièce l'Atelier fête les 10 ans de cette expérience, on y croise des personnalités que j'ai réellement rencontrées au cours de ce travail. C'est une façon de les saluer », explique le metteur en scène. Forcément, en dix ans, certains membres de l'atelier sont partis en province ou en voyage à l'étranger, mais d'autres sont partis tout court. « Je leur fais pourtant tous signer un contrat qui leur interdit de décéder en cours d'année », lance mi-ironique, mi-mélancolique le responsable.

Au Plateau 31, ils seront une petite dizaine à relater l'aventure d'un groupe de retraités participant à un atelier de théâtre amateur, jumeau de celui de Gentilly. Celui-ci est animé avec énergie par Raymonde, mais elle se révèle incapable de diriger ses comédiens, de choisir un texte à faire répéter... Arriveront-ils à monter pour la première fois sur scène ?

Le personnage de Raymonde est joué par... Raymonde et ses 82 printemps. « Je participe à l'atelier depuis trois ans. Avant cela, je vivais dans mon âge, explique-t-elle simplement. L'atelier m'a permis de me sentir plus jeune, beaucoup moins mémère en somme », rigole la comédienne.

« L'Atelier » de Jacques Leforestier, aujourd'hui à 16 heures, demain à 19 heures et vendredi à 16 heures. Plateau 31, 31, rue Henri-Kleynhoff à Gentilly. Réservations au 01.47.40.58.67. Entrée gratuite. Le mardi 6 mai, à 14 h 30, à la maison pour tous Gérard-Philipe, 118, rue Youri-Gagarine à Villejuif. Réservations au 01.46.86.08.05.


Christine Mateus

Le Parisien , jeudi 24 avril 2008

Article sur senior actu

L'atelier, nouvelle pièce de théâtre de Jacques Leforestier jouée par des retraités

Après ses deux dernières pièces de théâtre jouées par des seniors (Et les vieux alors et Au secours c'est ici), Jacques Leforestier, animateur dans un Centre communal d'action sociale (CCAS) du Val-de-Marne revient avec L'atelier, une nouvelle œuvre qui sera dévoilée fin avril 2008 au Plateau 31 de Gentilly. Présentation de la pièce et interview de l'auteur.

 

L'histoire en quelques mots…

L'atelier raconte l'aventure d'un groupe de retraités participant à un atelier de théâtre amateur. Il est animé par Raymonde avec énergie et passion.

Cependant un problème majeur existe : les acteurs veulent jouer un spectacle qui n'aboutit jamais. Manque de textes, choix du spectacle, dialogues difficiles... Arriveront-ils cette année à monter pour la première fois sur scène ?

Interview de l'auteur
Pourquoi ce titre l'atelier ?
Jacques Leforestier : c'est tout d'abord un clin d'œil humoristique et un hommage à tous les participants de l'atelier qui fête cette année ses dix ans d'existence. Ensuite, j'avais envie de faire ressentir au public ce que des personnes âgées peuvent vivre dans un atelier de théâtre. On y retrouve des éléments similaires aux autres cours de comédie mais il y a ce petit plus, la vie active est derrière et l'on peut se réfugier dans cette aventure pour différentes raisons : la solitude, la mort du conjoint, les problèmes physiques, enfin toutes sortes de problématiques liés au vieillissement. D'autres en revanche voudront puiser une nouvelle énergie, aller de l'avant, créer des projets, penser à demain. On peut trouver certains personnages caricaturaux, mais je peux vous assurer qu'ils existent !

Le choix de mettre en forme des monologues pour tous les personnages était-il une obligation ?
Jacques Leforestier : Oui, c'était pour moi une évidence. Mettre en lumière ce que les personnes peuvent avoir dans leur tête et dans leur cœur, on ne donne pas toujours les vrais raisons de nos réactions, on peut se donner une fausse image ou faire apparaître un caractère ou un profil complètement différent de ce que l'on est au fond de nous. Et puis certains personnages ont un monologue, mais pas tous. Le monologue est la partie intime dévoilée au public, il va découvrir qui est le personnage ou ce que pense le personnage des autres participants alors que le groupe lui, continue à avoir sa propre opinion.
De combien de personnes se compose la troupe ?
Jacques Leforestier : Onze personnes travaillent dans cette troupe dont deux qui ne sont pas des retraités. Deux musiciens professionnels sont également présents sur scène : Daniel Tibério (accordéon, chant) et Stéphane Desgrouas (guitare, chant). En réalité, en tout, une quinzaine de personnes participent à l'atelier, mais tout le monde ne joue pas, il y a certains participants qui ne veulent pas s'investir pour toute une saison, ils viennent donc quand ils en ont envie. Mais globalement, cette année aura été éprouvante en raison de gros problèmes de santé de plusieurs personnes avec des rôles importants. La réalisation a donc été particulièrement difficile. Il a fallu pallier toutes ces difficultés d'écriture et de mise en scène.

Travaillez-vous en partenariat avec d'autres services, institutions ou compagnies théâtrales ?
Jacques Leforestier : Oui effectivement. Tout d'abord, nous travaillons en partenariat depuis plusieurs années déjà avec le service retraités de Villejuif, le groupe est d'ailleurs constitué pour moitié de personnes vivant dans cette ville du Val-de-Marne. En ce qui concerne les collaborations, des rencontres ont été organisées avec différents partenaires. Par exemple, cette année, nous avons pu mettre en place des réunions avec des professionnels, des comédiens et des metteurs en scène. Je pense notamment à Jérémie Le Louët de la compagnie des Dramaticules et à Juliet O'Brien (auteur et metteur en scène de l'écrivain public) qui sont venus animer un après-midi à l'atelier en toute simplicité et avec une grande sincérité. Ces rencontres ont été réalisées en grande partie grâce à Alexandrine Peyrat du théâtre Romain Rolland que je remercie particulièrement pour sa gentillesse et son dynamisme.

Le service culturel de Gentilly m'a également mis en contact avec Emmanuelle Le Roy, attachée à la direction des Théâtrales Charles Dullin. Ainsi, nous avons constitué une troupe de Colporteurs aux Théâtrales Charles Dullin, ce qui a amené notre équipe à découvrir des spectacles contemporains et à participer à des rencontres privilégiées avec les auteurs et les comédiens.

Me concernant, j'interviens en tant que formateur sur différents lieux. Je peux donc, suivant ma disponibilité, aider à mettre en place des ateliers pour les personnes âgées sur les communes, les résidences ou les maisons de gérontologie.

Un dernier mot ?
Jacques Leforestier : Encore une fois, je tiens à dire merci à toutes ces personnes. Je n'oublie pas mon équipe du CCAS qui m'accompagne et me soutient énormément dans mon travail ; qui n'arrête pas, vous vous en doutez. En effet, à l'atelier théâtre, un bon nombre d'activités sont mises en place tout au long de l'année, mais tout ce travail destiné à de petits groupes nécessite une grosse préparation et des présences le soir et le week-end. Heureusement, j'ai la chance d'avoir des collègues investis dans leur mission et très compréhensifs. Et puis, pour terminer, un grand coup de chapeau à ma troupe d'acteurs, qui ne l'oublions pas, sont des amateurs retraités mais qui chaque lundi, s'appliquent à donner le meilleur d'eux-mêmes et ça, c'est le plus beau des cadeaux.

Article concernant "Au secours, c'est ici !"

Article sur Senior-actu / Novembre 2005

 

Après avoir joué leur dernière pièce « Et les vieux alors ! » pendant plus d'un an, la troupe de théâtre de Jacques Leforestier, La compagnie du lundi, composée de quinze personnes (12 femmes et 3 hommes) âgées de 65 à 68 ans, revient avec une nouvelle production à partir du 14 décembre prochain à l'Auditorium du conservatoire de la ville de Gentilly.

« C'est une comédie cyniquement drôle » indique Jacques Leforestier, auteur et metteur en scène de la pièce, qui anime depuis 1998, un atelier théâtre avec des retraités autonomes. « L'histoire présente des résidents d'une maison de retraite et son personnel, qui vont vivre une journée pleine de rebondissements, en attendant l'arrivée du nouveau directeur de l'établissement » ajoute encore M. Leforestier, qui connaît bien ce secteur d'activité, puisque son « vrai » métier est animateur du département retraités du CCAS de Gentilly et qu'il intervient par ailleurs en maison de gérontologie.

« L'idée de ce sujet est en quelque sorte, une continuité du spectacle précédent, qui était composé de sketchs qui abordaient certaines problématiques des retraités » souligne l'auteur. « Nous nous sommes aperçus que certains personnages étaient intéressants à développer. Parallèlement, la troupe désirait jouer un spectacle plus « léger » que le précédent. C'est dans ce contexte que j'ai essayé d'écrire une pièce qui se déroule toujours dans l'univers des retraités, mais en y apportant du rythme ainsi qu'un humour décalé toujours quelque peu cynique. Ce qui au final, donne un vaudeville gérontologique ! » précise M. Leforestier.
Pour que cette œuvre voit le jour, l'auteur a essayé de travailler en fonction des capacités de chacun des acteurs, de manière à ce qu'ils soient toujours valorisés et jamais frustrés, ni en position d'échec. « Ce n'est pas le but. Je n'ai jamais imposé de critères de sélection. Tout individu qui le souhaite peut participer à cet atelier. Bien sûr, je tente d'obtenir le maximum, afin que les personnes restent dans une attitude active et non passive. Même si les objectifs sont multiples, au final il s'agit surtout de maintenir un lien social –lutte contre la solitude-, de fédérer un groupe et de développer la confiance en soi et envers l'autre » souligne le metteur en scène.

En matière de lien social, voire même intergénérationnel, il semblerait que le pari soit réussi. En effet, l'auteur se souvient plus particulièrement d'une rencontre, l'année dernière, avec des écoliers du 18e arrondissement de Paris. Grâce à la complicité d'un ami, plusieurs centre de loisirs avaient été regroupés et étaient venus assister au spectacle. « Le respect et l'écoute des enfants durant la prestation ont été incroyables. A la fin du spectacle, beaucoup sont venus nous demander des explications sur la vie en institution ou sur la solitude. C'était vraiment touchant » rapporte Jacques Leforestier.

A d'ajouter que « la veille, la personne qui s'occupait de la salle a pensé que je blaguais quand je lui ai dit que c'était une troupe de retraités qui venait jouer un spectacle. Elle ne m'a cru que le lendemain, lorsqu'elle a vu le visage de ces seniors amateurs, mais passionnés... »